La mesure des précipitations est l'une des plus complexes en météorologie car on observe une forte variation spatiale selon le déplacement de la perturbation, le lieu de l'averse, la topographie et les obstacles géographiques locaux gênant sa captation.
On exprime généralement les précipitations en hauteur ou lame d'eau précipitée par unité de surface horizontale (mm). Si on rapporte cette hauteur d'eau à l'unité de temps, il s'agit d'une intensité (mm/h). Rappelons que :
1 mm = 1 l/m2 = 10 m3/ha
La précision de la mesure est au mieux de l'ordre de 0,1 mm. En Suisse, toute précipitation supérieure à 0,5 mm est considérée comme pluie effective.
L'enregistrement des pluies en général, et des averses en particulier, se fait au moyen de divers appareils de mesure. Les plus classiques sont les pluviomètres et les pluviographes, à enregistrement mécano-graphique ou digital. Au contraire de ces approches ponctuelles, il existe aussi des méthodes de mesures globales fondées sur les méthodes radar et la télédétection. Seule la méthode « radar » est abordée dans le présent cours.
Le pluviomètre
est l'instrument de base de la mesure des précipitations liquides ou
solides. Il indique la pluie globale précipitée dans l'intervalle
de temps séparant deux relevés. Le pluviomètre est généralement
relevé une fois par jour (en Suisse, tous les matins à 7h30).
La hauteur de pluie lue le jour j est attribuée au jour j-1 et
constitue sa "pluie journalière" ou "pluie en 24 heures". Si la station
pluviométrique est éloignée ou difficile d'accès,
il est recommandé de recourir au pluviomètre totalisateur. Cet
appareil reçoit les précipitations sur une longue période
et la lecture se fait par mesure de la hauteur d'eau recueillie ou par pesée.
En cas de neige ou de grêle on procède à une fusion avant mesure.
Un pluviomètre se compose d'une bague à arête chanfreinée, l'orifice qui surmonte un entonnoir conduisant au récepteur (seau). Pour uniformiser les méthodes et minimiser les erreurs, chaque pays a dû fixer les dimensions des appareils et les conditions d'installation. Chaque pays a pourtant son type de pluviomètre, dont les caractéristiques sont toutefois peu différentes. En France, c'est le type SPIEA qui est utilisé (surface réceptrice de 400 cm2) ; en Suisse, nous utilisons le pluviomètre de type Hellmann, d'une surface de 200 cm2 (Fig.7.1). La quantité d'eau recueillie est mesurée à l'aide d'une éprouvette graduée. Le choix du site du pluviomètre est très important. Les normes standards sont basées sur le principe qu'un site est représentatif et caractérisé par l'absence d'obstacles à proximité. |
Fig. 7.1 - Pluviomètre de Hellmann. |
La hauteur au-dessus du sol de la bague du pluviomètre est également déterminante pour une mesure correcte de la pluie. En effet, les effets du vent créent un déficit en eau, dans le cas où le pluviomètre serait en position élevée. Aussi, malgré les erreurs de captation, les normes OMM (1996) préconisent que la surface réceptrice des pluviomètres (et pluviographes) soit horizontale et située à 1,50 m au-dessus du sol ; cette hauteur permet de placer facilement l'appareil et évite les rejaillissements.
Le pluviographe
se distingue du pluviomètre en ce sens que la précipitation, au
lieu de s'écouler directement dans un récipient collecteur, passe
d'abord dans un dispositif particulier (réservoir à flotteur,
augets, etc) qui permet l'enregistrement automatique de la hauteur instantanée
de précipitation. L'enregistrement est permanent et continu, et permet
de déterminer non seulement la hauteur de précipitation, mais
aussi sa répartition dans le temps donc son intensité. Les pluviographes
fournissent des diagrammes de hauteurs de précipitations cumulées
en fonction du temps. Il en existe deux types principaux utilisés en
Europe.
L'accumulation de la pluie dans un réservoir cylindrique est enregistrée par l'élévation d'un flotteur. Lorsque le cylindre est plein, un siphon s'amorce et le vide rapidement. Les mouvements du flotteur sont enregistrés par un tambour rotatif à vitesse constante, entouré d'un papier, et déterminent le tracé du pluviogramme.
Cet appareil comporte, en dessous de son entonnoir de collecte de l'eau, une pièce pivotante dont les deux compartiments peuvent recevoir l'eau tour à tour (augets basculeurs). Quand un poids d'eau déterminé (correspondant en général à 0,1 ou 0,2 mm de pluie) s'est accumulé dans un des compartiments, la bascule change de position : le premier auget se vide et le deuxième commence à se remplir (Fig. 7.2). Les basculements sont comptés soit mécaniquement avec enregistrement sur papier enroulé autour d'un tambour rotatif, soit électriquement par comptage d'impulsions (par exemple système MADD) : appareil permettant l'acquisition d'événements en temps réel, développé par l'HYDRAM en 1983. Les pluviographes à augets basculeurs sont actuellement les plus précis et les plus utilisés (Fig. 7.3).
Fig. 7.2 - Principe des augets basculeurs.
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Fig. 7.3 - Pluviographe, augets basculeurs et système d'enregistrement MADD.
Le
radar (Radio Detection And Ranging) est devenu un instrument d'investigation
et de mesure indispensable en physique de l'atmosphère. La mesure des
précipitations est rendue possible par la forte influence que les hydrométéores
exercent sur la propagation des ondes électromagnétiques de faible
longueur d'onde. Le radar permet ainsi de localiser et de suivre le déplacement
des nuages. Certains radars peuvent estimer l'intensité de la précipitation,
avec cependant quelques difficultés dues à la calibration.
L'avantage essentiel du radar, par rapport à un réseau classique de pluviographes, réside dans sa capacité d'acquérir, depuis un seul point, de l'information sur l'état des systèmes précipitants intéressant une vaste région (--> 105 km2). La portée d'un radar oscille entre 200 et 300 km.
De nombreuses sources d'erreur affectent toutefois la qualité des estimations de précipitation par radar. Un des points sensibles est la nécessité de trouver une relation moyenne pour la transformation des réflectivités des cibles en intensité des précipitations. Malgré l'incertitude des résultats, le radar est un des seuls instruments permettant la mesure en temps réel sur l'ensemble d'un bassin versant et il est, par conséquent, très utile pour la prévision en temps réel. Il permet une bonne représentation des phénomènes dans un rayon d'environ 100 km.
Les erreurs instrumentales sont multiples ; elles ont presque toutes pour conséquence de sous-estimer les quantités précipitées. On distingue :
Les erreurs de captation (5 à 80 %) : pluie inclinée, fortes pentes, turbulences du vent autour du pluviomètre.
Les erreurs de l'instrument (environ 0,5 %) : déformation de l'appareil de mesure (par exemple déformation du papier enregistreur).
Les erreurs dues aux rejaillissements (environ 1%).
Les pertes par mouillage (environ 0,5 %) : déficit équivalent à l'eau qui humecte les parois intérieures du pluviomètre.
Les erreurs dues à l'évaporation dans le récipient (environ 1%).
Les erreurs propres aux pluviographes : en cas de fortes pluies, la vidange du système à siphon, et respectivement la vitesse de basculement des augets peuvent être trop lentes. Des pertes d'eau au moment du basculement des augets peuvent aussi avoir lieu.
Les erreurs d'observation sont en principe systématiques mais ne sont pas trop graves du moment que l'on ne change pas d'observateur (possibilité de corrections).
Les erreurs de positionnement de l'appareil (on peut avoir une bonne mesure mais de quelque chose de "faux").
Les erreurs de représentativité spatiale ou d'échantillonnage sont difficiles à estimer, car nous ne savons pas dans quelle mesure les quantités recueillies ponctuellement sont représentatives du volume total d'eau précipitée sur l'ensemble du bassin. Le manque de précision des ces appareils de mesure classiques, ainsi que leur coût en entretien ont motivé des chercheurs à développer de nouveaux systèmes basés sur une technologie de pointe. Ce thème sera abordé dans le chapitre 8-Contrôle, organisation et traitement des données.
Les facteurs qui conditionnent l'évaporation sont les suivants : les rayonnements solaires et atmosphériques, la température de l'eau et de l'air, l'humidité de l'air, la pression atmosphérique, le vent, la profondeur et la dimension de la nappe d'eau, la qualité de l'eau et les caractéristiques du bassin (exposition des versants au soleil, au vent, pentes, sol,...). Certains de ces paramètres (facteurs météorologiques) sont facilement mesurables. La figure 7.4 montre une station météo équipée de l'ensemble des instruments de mesures de ces paramètres.
Fig. 7.4 - Station météorologique.
On mesure couramment le rayonnement solaire parvenant au sol. Les mesures portent d'une part sur l'intensité du rayonnement direct, et d'autre part sur le rayonnement global tant sous forme de rayonnement diffus que sous forme de rayonnement direct. Les instruments utilisés sont désignés sous le nom général d'actinomètres. Pour la mesure du rayonnement net, on utilise des pyranomètres à thermopiles, à lames ou plus rarement à distillation.
Il existe plusieurs appareils, nommés héliographes, qui évaluent chaque jour la durée totale de l'insolation pour une station. Ils déterminent la somme des intervalles de temps au cours desquels l'intensité du rayonnement solaire direct a dépassé un certain seuil.
L'instrument de mesure de la température est le thermomètre. Il mesure la dilatation d'un liquide ou d'un solide à fort coefficient de dilatation, ce qui permet d'en déduire la température. Les plus courants sont les thermomètres à mercure, à alcool et à toluène. Citons ici le thermomètre à maxima, qui est capable de retenir la valeur maximale diurne en utilisant la capillarité.
La mesure de la température de l'air exige quelques précautions en raison des effets perturbateurs, principalement ceux du rayonnement. Il est donc nécessaire de protéger le thermomètre en le mettant sous un abri météorologique (Fig. 7.5). Ces abris météorologiques abritent en général d'autres instruments tels qu'un barographe ou un psychromètre par exemple. La forme et la position de l'abri sont normalisées (2 m). L'abri doit être peint en blanc, avec la porte orientée au nord et des jalousies (normes OMM). |
Fig. 7.5 - Abri météorologique. |
On mesure le taux d'humidité dans l'air avec un instrument
appelé
hygromètre . Les plus simples sont les hygromètres organiques.
Ils sont basés sur la propriété des substances organiques
de se contracter ou se dilater selon l'humidité. Le cheveu humain, dégraissé,
s'allonge de 2,5 % lorsque l'humidité relative passe de 0 à 100
%. La lecture peut être aisément faite sur un tambour ou sur un
cadran qu'on étalonne en fonction de l'humidité relative. L'appareil
relié à un système d'enregistrement constitue un hygrographe.
Pour la détermination simultanée de la température
de l'air et de l'humidité, on utilise un
psychromètre . Celui-ci est constitué d'un thermomètre
à bulbe sec qui détermine la température ambiante et d'un
thermomètre à bulbe mouillé (bulbe entouré d'un
linge humide) qui mesure la température après ventilation de l'instrument.
Le principe du psychromètre consiste à déduire l'humidité
de l'air des deux températures indiquées respectivement par le
thermomètre sec et le thermomètre mouillé, à 0,1
°C près. Cet appareil est le plus précis pour la mesure de l'humidité.
Il existe divers instruments mesurant la pression atmosphérique. On distingue d'abord le baromètre à liquide ; le mercure est le plus souvent utilisé à cause de sa densité 13.6 fois supérieure à celle de l'eau. On a parfois recourt à un baromètre mécanique ou aéroïde, installé sous abri météorologique. Il peut se rattacher à un système d'enregistrement (stylo) ; on obtient ainsi un barographe mesurant la pression en fonction du temps.
Les instruments de mesure du vent sont de deux types ;
certains évaluent la vitesse, d'autres la direction. En surface, les
anémomètres mesurent la vitesse du vent. Ils sont installés
à 10 mètres au-dessus du sol, à un endroit dégagé
de tout obstacle (bâtiment, arbre,...). Les plus fréquemment utilisés
sont les anémomètres totalisateurs, constitués de trois
ou quatre branches terminées respectivement par une coupelle hémisphérique.
Le système se rattache aussi à un dispositif d'enregistrement
pour former un ensemble appelé anémographe. Pour la mesure en
altitude troposphèrique, on se sert d'un ballon rempli d'hydrogène
qui s'élève dans l'atmosphère. Connaissant sa vitesse d'ascension
et son déplacement horizontal en fonction du temps, on calcule aisément
la vitesse du vent qui l'entraîne. La direction du vent est, quant à
elle, déterminée à l'aide d'une girouette ou d'une
manche à air. La direction du vent est donnée selon les points
cardinaux (cf. Fig. 7.4).
Les
évaporimètres simulent l'évaporation naturelle
en évaporant de l'eau distillée à travers une surface poreuse.
Le plus simple de ces appareils est l'évaporimètre de Piche. Il
est constitué d'un tube d'où l'eau s'évapore à travers
la surface de papier filtre. La baisse du niveau de l'eau est directement lisible
sur le tube calibré et le taux d'évaporation est alors calculé
par unité de surface de papier filtre.
Les balances d'évaporation mesurent l'évaporation en continu par diminution du poids de l'eau placée dans un plateau sous abri. Elles ne sont pas très représentatives de l'évaporation naturelle en raison de leur faible surface libre. De plus, le faible volume de l'eau favorise le rôle thermique des parois.
Il existe différents types de |
Fig. 7.6 - Bac d'évaporation. |
Les verrières sont constituées d'un cadre métallique sans fond, de 1 m2 de section, posé sur le sol. Une vitre inclinée recouvre ce châssis. L'eau du sol s'évapore et la vapeur se condense sur la paroi froide de la vitre. L'eau condensée est alors collectée par une gouttière et recueillie dans un récipient. Ce type de mesure doit cependant subir des corrections pour tenir compte des effets du vent et de la température à l'air libre.
Le
lysimètre est une cuve étanche enterrée, à
parois verticales, ouverte en surface et remplie par une portion de terrain
d'une épaisseur de 0,5 à 2 mètres. La végétation
et les conditions à chaque niveau, surtout la teneur en eau, sont maintenues
sensiblement identiques à celles du terrain en place. Les variations
de stock d'eau peuvent alors être mesurées avec précision.
Le lysimètre est pourvu à sa base d'un dispositif recueillant l'eau de drainage. On peut déduire l'évaporation à la surface du terrain de ces variations de stock par pesée, ou encore des mesures de l'eau du sol et de drainage et des données de précipitations indiquées par un pluviomètre à proximité. L'aire horizontale de la portion de terrain isolé doit être suffisamment grande pour obtenir une bonne précision de la hauteur d'eau évaporée, en théorie à 0,01 mm près.
Fig. 7.7 - Schéma d'une cuve lysimétrique
(Tiré de Musy et Soutter, 1991).
La mesure de l'évapotranspiration est une mesure complexe.
A l'inverse des autres termes du bilan hydrique, elle est le plus souvent indirecte
(en procédant par bilan hydrologique sur une parcelle expérimentale
ou sur un bassin versant). Cependant, la mesure de l
'évapotranspiration réelle (Etr) peut être
effectuée de façon ponctuelle et directe en se basant par exemple,
sur les pertes en eau d'une case lysimétrique portant de la végétation.
L'
évapotranspiration de référence ET0
est calculée directement à partir de mesures liées au pouvoir
évaporant de l'air (température, humidité, pression, etc.).
On appelle
hydrométrie l'ensemble des techniques de mesures des différents
paramètres caractérisant les écoulements dans les cours
d'eau naturels ou artificiels et dans les conduites. Les deux variables principales
qui caractérisent l'écoulement sont :
La cote de la surface d'eau libre, notée H et exprimée en mètre. Sa mesure concerne la limnimétrie.
Le débit du cours d'eau, noté Q et exprimé en m3/s ou l/s, représentant le volume total d'eau qui s'écoule à travers une section droite du cours d'eau pendant l'unité de temps considérée. Sa mesure est du ressort de la débitmétrie.
Le niveau d'eau dans un canal est facilement observable, mais
n'est représentatif que de la section d'observation et peut être
soumis à des modifications dans le temps. Seule la variable débit
reflète physiquement le comportement du bassin versant, et peut être
interprétée dans le temps et l'espace. Généralement,
on ne dispose pas d'une mesure directe et continue des débits mais d'un
enregistrement des variations de la hauteur d'eau en une section donnée
(station hydrométrique). On passe alors de la courbe des hauteurs d'eau
en fonction du temps H=f(t) (appelée
limnigramme ) à celle des débits Q=f(t) (appelée
hydrogramme ) par l'établissement d'une courbe
de tarage Q=f(H) (Fig. 7.8).
Fig. 7.8 - Passage d'un limnigramme à un hydrogramme par l'intermédiaire de la courbe de tarage.
La détermination de la courbe de tarage est généralement
effectuée au moyen de campagnes de mesures de débits épisodiques,
dont la fréquence est un élément essentiel de la qualité
et de la précision des données ainsi obtenues. Le nombre de points
nécessaire à l'établissement d'une courbe de tarage est
de 10 minimum, répartis entre les basses et les hautes eaux. On appelle
jaugeage l'ensemble des opérations destinées à
mesurer le débit d'une rivière. Vous pouvez voir ici un film présentant
la méthode de jaugeage (RealMedia, 2.1
Mo).
Il est nécessaire de procéder régulièrement à des vérifications de la courbe de tarage au cours du temps, pour tenir compte d'éventuelles déficiences de l'appareil de mesure ou modifications de la section du cours d'eau (voir Fig 7.8 bis).
Fig. 7.8 bis - Courbe de tarage pour différentes sections d'un même cours d'eau.
La mesure des hauteurs d'eau (la limnimétrie) ou de la variation d'un plan d'eau s'effectue généralement de manière discontinue par la lecture d'une règle graduée (échelle limnimétrique) fixée sur un support. Pour connaître en continu les variations d'un plan d'eau, on utilise des limnigraphes qui fournissent sur un support un enregistrement continu des variations du niveau d'eau dans la rivière en fonction du temps (enregistrement graphique sur bande papier, enregistrement magnétique sur cassette, etc.).
Le limnimètre est l'élément de base des dispositifs de lecture et d'enregistrement du niveau de l'eau : il est constitué le plus souvent par une échelle limnimétrique (Fig. 7.9) qui est une règle ou une tige graduée en métal (éventuellement en bois ou en pierre), placée verticalement ou inclinée, et permettant la lecture directe de la hauteur d'eau à la station. Si l'échelle est inclinée, la graduation est corrigée en fonction de l'angle d'inclinaison avec la verticale. La lecture de l'échelle limnimétrique se fait généralement au demi-centimètre près. Le zéro de l'échelle limnimétrique doit être placé au-dessous des plus basses eaux possibles dans les conditions de creusement maximum du lit dans la section de contrôle, et ce pour ne pas avoir de cotes négatives. |
Fig. 7.9 - Echelles limnimétriques inclinée et verticale. |
7.3.1.2 Le limnigraphe à flotteur Le
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Fig. 7.10 - Schéma du limnigraphe à flotteur. |
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7.3.1.3 Le limnigraphe "bulle à bulle" Le
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Fig. 7.11 - Limnigraphe pneumatique |
Les sondes destinées à remplacer les échelles limnimétriques et autres limnigraphes classiques, permettent l'automatisation du réseau de mesures des hauteurs d'eau. Le point commun de la plupart de ces capteurs est l'emploi de paramètres électriques qui varient en fonction d'une pression exercée sur le système. Citons à titre d'exemple le capteur capacitif et le capteur à ultrasons. Le capteur capacitif, principal instrument de mesure utilisé à l'HYDRAM, est notamment basé sur le principe du condensateur. Une variation de la distance entre les deux plaques du condensateur induit une variation de tension mesurable. L'appareil, constitué d'une plaque fixe et d'une plaque mobile selon la pression, peut ainsi mesurer des différences de hauteur d'eau lorsqu'on l'immerge verticalement dans le cours d'eau. La pression de l'eau est transmise par l'intermédiaire d'une membrane solidaire de la partie mobile du condensateur.
Pour mesurer le débit d'un écoulement naturel (cours d'eau, canal, dérivation...), il existe quatre grandes catégories de méthodes.
Les méthodes "volumétriques" (ou jaugeage capacitif) permettent de déterminer le débit directement à partir du temps nécessaire pour remplir d'eau un récipient d'une contenance déterminée. Compte tenu des aspects pratiques inhérents à la méthode de mesure (taille du récipient nécessaire, incertitude sur la mesure du temps, aménagement spécifique éventuel), cette méthode n'est généralement pratiquée que pour des débits très faibles, quelques l/s au plus.
Les méthodes "d'exploration du champ de vitesse" consistent à déterminer la vitesse de l'écoulement en différents points de la section, tout en mesurant la surface de la section mouillée. Ces techniques nécessitent un matériel spécifique (moulinet, perche, saumon, courantomètre...) et un personnel formé à son utilisation. Parmi les nombreuses méthodes d'exploration du champ de vitesse, les jaugeages au moulinet et au flotteur sont présentés ci-dessous, ainsi que le principe de fonctionnement des capteurs électromagnétiques.
Les méthodes "hydrauliques" tiennent compte des forces qui régissent l'écoulement (pesanteur, inertie, viscosité...). Ces méthodes obéissent aux lois de l'hydraulique.
Les méthodes "physico-chimiques" prennent en compte les variations, lors de l'écoulement, de certaines propriétés physiques du liquide (concentration en certains éléments dissous). Ces méthodes consistent généralement à injecter dans le cours d'eau un corps en solution, et à suivre l'évolution de sa concentration au cours du temps. Ce sont les méthodes dites «par dilution» ou encore «chimique».
Toutes ces méthodes de mesures des débits nécessitent généralement un régime d'écoulement en régime fluvial, sauf les jaugeages chimiques, qui sont appropriés en cas d'écoulement torrentiel.
Rappelons que la vitesse d'écoulement n'est jamais uniforme dans la section transversale d'un cours d'eau. Le principe de cette méthode consiste donc à calculer le débit à partir du champ de vitesse déterminé dans une section transversale du cours d'eau (en un certain nombre de points, situés le long de verticales judicieusement réparties sur la largeur du cours d'eau). Parallèlement à cette exploration du champ de vitesse, on relève le profil en travers du cours d'eau en mesurant sa largeur et en effectuant des mesures de profondeur.
Le débit Q [m3/s] s'écoulant
dans une section d'écoulement S [m2] d'une rivière
peut être défini à partir de la vitesse moyenne V
[m/s] perpendiculaire à cette section par la relation :
Q = V ´ S.
La section d'écoulement peut être évaluée en relevant la profondeur d'eau en diverses verticales réparties régulièrement sur toute la largeur. Plusieurs méthodes permettent de déterminer la vitesse moyenne de l'eau.
1. Le jaugeage au moulinet
Le moulinet
hydrométrique (cf. Fig. 7.13) permet de mesurer la vitesse ponctuelle
de l'écoulement. Le nombre de mesures sur une verticale est choisi de
façon à obtenir une bonne description de la répartition
des vitesses sur cette verticale. De manière générale,
on fera entre 1, 3 ou 5 mesures suivant la profondeur du lit.
Fig. 7.12 - Débit et champ des vitesses à travers une section.
La vitesse d'écoulement est mesurée en chacun des points à partir de la vitesse de rotation de l'hélice située à l'avant du moulinet (nombre de tours n par unité de temps). La fonction v = f (n) est établie par une opération d'étalonnage (courbe de tarage du moulinet). Suivant le mode opératoire adopté pour le jaugeage, le moulinet peut être monté sur une perche rigide ou sur un lest profilé appelé "saumon" (Fig. 7.13).
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Fig. 7.13 - Adaptation du moulinet aux différents modes opératoires.
Dans le cas du montage sur perche, le moulinet peut être manœuvré de deux manières :
directement par l'opérateur placé dans l'écoulement (jaugeage à gué), la perche reposant sur le fond du lit du cours d'eau. Cette méthode est utilisable dans des sections de profondeur inférieure à 1 mètre et avec des vitesses d'écoulement inférieures à 1 m/s.
à partir d'une passerelle, la perche étant suspendue à un support permettant les déplacements verticaux.
Les différents modes opératoires du jaugeage au moulinet monté sur un lest sont présentés dans le tableau 7.1.
Tableau 7.1. – Méthodes et limites des différents modes opératoires du jaugeage au moulinet monté sur un lest.
Modes opératoires |
Limites de la méthode |
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Profondeur < 10 m et vitesse < 2 m/s |
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Profondeur < 10 m et vitesse < 2 m/s |
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Lorsque les vitesses à mesurer dépassent 3 m/s. |
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Lorsque la rivière est large (> 200 m), uniforme et sans présence de hauts-fonds afin d'y manœuvrer facilement. |
Finalement, le calcul de la vitesse moyenne de l'écoulement sur l'ensemble de la section S de longueur L se fait par intégration des vitesses vi définies en chacun des points de la section de profondeur pi (variant pour chaque verticale de 0 à une profondeur maximale P) et d'abscisse xi (variant pour chaque verticale de 0 à L) :
![]() |
(7.1) |
L'énorme avantage de la méthode du moulinet est d'être une technique éprouvée quel que soit son mode opératoire. Le moulinet reste l'appareil le plus utilisé pour la mesure des débits en rivière par exploration du champ des vitesses. Cependant cette méthode nécessite un matériel lourd ainsi qu'un personnel nombreux et de qualité. |
Fig. 7.14 - Jaugeage au moulinet à l'aide d'un bateau. |
2. Le jaugeage au flotteur
Lorsque le jaugeage au moulinet ne peut pas être effectué en
raison de vitesses et de profondeurs excessives ou au contraire trop faibles,
ou de la présence de matériaux en suspension, il est possible
de mesurer la vitesse d'écoulement au moyen de
flotteurs . Il s'agit dans cette méthode de mesurer uniquement
des vitesses de surface, ou plus exactement les vitesses dans la tranche superficielle
de l'écoulement (les 20 premiers centimètres environ).
Les flotteurs peuvent être soit artificiels (bouteilles en plastiques) soit naturels (arbres, grosses branches, etc.). Le déplacement horizontal d'un flotteur de surface durant un temps t permet de déterminer la vitesse de l'écoulement de surface. Plusieurs mesures de vitesse du flotteur doivent être réalisées. La moyenne de ces mesures est ensuite multipliée par un coefficient approprié pour obtenir la vitesse moyenne de l'élément de section. En général, la vitesse moyenne dans la section est de l'ordre de 0,4 à 0,9 fois la vitesse de surface.
Cette méthode donne de bonnes approximations du débit, parfois suffisantes pour les études envisagées.
3. Les sondes électromagnétiques
Différents principes de mesure peuvent être mis en œuvre basés sur le développement récent des instruments utilisant des sondes électromagnétiques. On peut citer :
Les mesures au capteur électromagnétique, basés sur l'application de la loi d'induction de Faraday selon laquelle un conducteur électrique traversant perpendiculairement un champ magnétique induit une tension. En débitmétrie, cette tension est proportionnelle à la vitesse de passage du liquide considéré et est indépendante des caractéristiques du liquide à mesurer telles que densité, viscosité, conductivité électrique, mais non des caractéristiques de sa charge particulaire.
Les capteurs à ultrason Doppler, fixés sur un coté de l'écoulement, émettent un signal ultrasonique dans le flux du liquide. Lorsque ce signal est réfléchi par les particules solides ou les bulles d'air, sa fréquence se modifie proportionnellement à la vitesse du fluide. On peut signaler ici l'existence d'un « profileur » de courant à effet Doppler, l'ADCP (Acoustic Doppler Current Profiler) qui permet de mesurer des profils verticaux de la vitesse de l'eau, en utilisant l'énergie acoustique.
Les mesures au capteur à ultrason de transfert, basés sur la vitesse de transfert en fonction du courant.
Ce domaine de la débitmétrie est caractérisé par la diversité des facteurs à prendre en compte et par les multiples principes de mesures susceptibles d'être mis en œuvre. Le choix d'un appareil suppose que, préalablement toutes les conditions d'utilisation soient identifiées avec rigueur.
La construction d'un déversoir ou d'un canal calibré (Fig. 2.15) pour la détermination des débits d'un cours d'eau a pour but l'obtention d'une relation entre le niveau de l'eau H et le débit Q aussi stable que possible, et en principe sans jaugeage sur le terrain. Le débit est alors obtenu par des formules hydrauliques et par étalonnage sur modèles. Les canaux jaugeurs et les déversoirs calibrés sont notamment utilisés dans le cas de petits cours d'eau aux lits étroits, instables, encombrés de blocs et à faible tirant d'eau, pour lesquels l'installation de stations à échelles limnimétriques et l'exécution de jaugeages au moulinet ne sont pas recommandés. Leur fonctionnement obéit aux lois de l'hydraulique classique.
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Fig. 7.15 - Déversoir triangulaire en minc34 paroi et canal de Venturi.
Cette méthode de
jaugeages par dilution s'applique à des torrents ou des rivières
en forte pente où l'écoulement est turbulent ou pour lesquels
on ne trouve pas de section se prêtant à des jaugeages au moulinet.
Le principe général consiste à injecter dans la rivière une solution concentrée d'un traceur (sel, colorant,...) et à rechercher dans quelle proportion cette solution a été diluée par la rivière, par prélèvements d'échantillons d'eau à l'aval du point d'injection (Fig. 7.16). Cette dilution est notamment fonction du débit, supposé constant le long du tronçon, concerné pendant la durée de la mesure. On a la relation suivante dans laquelle le rapport C1 / C2 représente la dilution :
![]() |
(7.2) |
Où :
Q : débit du cours d'eau [l/s] ;
C1 : concentration de la solution injectée dans le cours d'eau [g/l] ;
C2 : concentration de la solution restante dans des échantillons prélevés à l'aval du point d'injection dans le cours d'eau [g/l] ;
k : coefficient caractéristique du procédé et du matériel utilisé.
Fig. 7.16 - Principe du jaugeage par dilution; mode opératoire.
Les conditions suivantes sont nécessaires pour que les méthodes par intégration ou dilution puissent être appliquée :
le débit de la rivière doit rester à peu près constant pendant la mesure ;
le traceur doit passer dans sa totalité par l'emplacement de prélèvement des échantillons ;
à la hauteur des prélèvements, le mélange doit être tel qu'en chaque point de la section du cours d'eau, doit passer la même quantité de traceur.
On utilise différents traceurs minéraux ou organiques, tels que la fluorescéine ou la rhodamine. Suivant le débit à évaluer, on n'utilisera pas le même traceurs.
La
...alors, et dans l'hypothèse de la conservation de la masse de traceur, on a : |
Fig. 7.17 - Jaugeage à débit constant. |
![]() |
(7.4) |
2. Méthode par intégration (injection instantanée)
Cette méthode consiste à injecter en un point du cours d'eau un volume V de traceur en solution concentrée C1. Au terme d'un parcours suffisamment long pour que le mélange avec l'eau de la rivière soit bon, des échantillons sont prélevés, et cela pendant toute la durée T de passage du nuage de traceur. Les prélèvements sont effectués en plusieurs points de la section d'échantillonnage de façon à fournir une valeur moyenne de la concentration C2 qui évolue en fonction du temps et du point de prélèvement.
L'intégration au cours du temps des différentes
valeurs de concentration C2(t) donne une valeur moyenne
.
Dans l'hypothèse de la conservation de la masse du traceur, on peut exprimer le débit comme suit :
![]() |
(7.3) |
Avec :
Q : débit du cours d'eau [l/s ou m3/s] ;
M : masse de traceur injecté [g] ; M = V . C1 ;
V : volume de la solution lâchée dans le cours d'eau [l ou m3] ;
C1 : concentration de la solution lâchée dans le cours d'eau [g/l] ;
: concentration moyenne du traceur dans les échantillons, obtenue par intégration [g/l] ;
C2(t) : concentration de l'échantillon prélevé au temps t [g/l];
T : durée du prélèvement [s].
3. Cas particulier du jaugeage au sel à l'aide d'une sonde conductimétrique
Dans ce cas, on injecte en un point du cours d'eau une masse connue de sel (NaCl) diluée dans un volume d'eau de la rivière. On place une sonde conductimétrique en aval de l'injection, à une distance suffisamment longue pour que le mélange soit bon. La sonde mesure la conductivité électrique de l'eau au cours du passage du nuage de sel. On peut alors tracer la courbe conductivité en fonction du temps.
Une relation linéaire existe entre la conductivité de l'eau et sa concentration en sel dissous. On peut donc en déduire la courbe concentration en fonction du temps. Le débit est alors obtenu par intégration de la concentration au cours du temps.
La quantité de sédiments (ou, flux solide, charge solide 1, débit solide 2) transportée par un cours d'eau à une section donnée pendant un temps Dt (Dt=1 jour, 1 mois, 1 année) est composé de la charge en suspension (suspended load) et du transport de fond (glissement ou roulement sur le fond et saltation).
Différentes méthodes de mesures sont possibles :
Collectes d'échantillons à hauteur d'une section de mesure pour suivre dans le temps les variations du transport solide, puis mesures par filtration au laboratoire.
Levers topographiques et bathymétriques de lacs ou de retenues artificielles pour évaluer l'apport global de sédiments pendant une période déterminé (entre deux instants connus).
Utilisation de traceurs de sédiment ou d'éléments dont les signatures permettent d'étudier surtout les taux de sédimentation (exemple Pb218, Cs137).
On s'intéresse ici particulièrement aux mesures sur les cours d'eau. Signalons que la question sempiternelle dans tous les programmes de surveillance du transport solide est de savoir comment peut-on estimer celui-ci avec un coût non prohibitif, sachant que le bilan exact des matériaux en suspension transportés demeure inaccessible. Outre les erreurs analytiques produites, la majeure source d'erreur dans la mesure de la charge solide d'un cours d'eau est en relation avec la variabilité des concentrations en sédiment à travers le temps et la possibilité du programme d'échantillonnage de caractériser précisément cette variabilité. Ce dernier point peut être déterminé dans une large mesure par la fréquence d'échantillonnage adoptée.
Le terme charge solide est utilisé pour une période déterminée (e.g. charge annuelle).
Chez les hydrologues, on parle de débit solide, qui correspond au poids total des matériaux transportés par les cours d'eau, d'une manière ou d'une autre, passant à travers une section par unité de temps. On l'exprime généralement en kg.s-1. On distingue ensuite le débit solide en suspension et le débit de charriage associés aux deux modes de transport des matériaux.
En pratique, on mesure une concentration en Matières En Suspension (MES) qui correspond à la quantité de matériaux en suspension recueillie à travers une membrane poreuse (la taille moyenne des pores est en général de 0,2 µm). Elle s'exprime en milligrammes par litre d'eau brute.
Une large gamme d'options est aujourd'hui disponible pour mesurer la quantité de sédiments en suspension transportée par un cours d'eau. La méthode la plus rigoureuse pour obtenir une estimation de la charge solide en suspension consiste à procéder, comme pour la mesure du débit liquide, à une intégration de différentes concentrations et des vitesses sur plusieurs verticales. Cette technique nécessite un matériel de prélèvement adapté aux caractéristiques de la section de mesure. Le contrôle en continue de la charge solide est possible grâce aux programmes d'échantillonnages intensifs avec des pompes automatiques ou, de manière indirecte, avec l'installation de turbidimètres.
Outre les prélèvements
manuels réalisés dans des récipients généralement
en polypropylène, il existe du matériel de prélèvements
plus ou moins automatisé qui peut être classé en trois catégories
principales :
Fig. 7.18 – Bouteille de prélèvements fixée sur une perche avec système d'ajustage (d'après Nouvelot,1993). |
En considérant la section S d'un cours d'eau
de largeur L, chaque verticale V peut être définie
par son abscisse l (distance à l'une des 2 rives), et sa profondeur
totale P. Si en un point d'une verticale V, situé à
la profondeur p, sont mesurées à la fois la vitesse du
courant v et la concentration c de matériaux en suspension,
le débit solide sur la surface dS de la section S s'écrit :
. Le débit solide total
sur l'ensemble de la section S s'obtient par intégration :
![]() |
(7.5) |
Avec : Qs : débit solide du cours d'eau [kg/s] ;
La concentration moyenne dans la section est définie
par le rapport : Cm = QS / QL ,
QL étant le débit liquide total sur la section
S ().
Cette méthode pour mesurer la quantité de sédiments transportée par un cours d'eau est évidemment très coûteuse. Les mesures sont donc généralement simplifiées. Elles sont surtout utiles pour valider les protocoles d'échantillonnages des réseaux de surveillance du transport en suspension.
L'échantillonnage en continu est en faite basé sur deux types de mesures :
Une mesure des matières en suspension à l'aide de préleveur d'échantillon automatique réglé pour un certain pas de temps. Ce type d'instrument comprend un dispositif de programmation, une pompe, un tuyau d'aspiration et de transfert entre la crépine (au bout) et la série de flacons. Pour être significatifs, les prélèvements doivent être proportionnels au débit ou effectués à des intervalles de temps prédéterminés lorsque le débit est constant. Si le débit est variable, on peut coupler le préleveur à un débitmètre. Dans ce cas, le préleveur peut être programmé pour fonctionner selon un volume prédéterminé.
Une mesure de la turbidité à l'aide de turbidimètres. La turbidité correspond à la réduction de la transparence d'un liquide due à la présence de particules en suspension. Elle se mesure en faisant passer un faisceau lumineux à travers l'échantillon à tester et en déterminant la lumière qui est diffusée par les particules en suspension. Cette mesure nécessite en générale un calibrage préalable. Les appareils de mesure de turbidité (turbidimètres) sont très nombreux sur le marché.
Parmi les équipements de mesures actuellement disponibles on peut décrire très sommairement :
Les nasses constituées d'une poche de grillage montée sur un cadre métallique qui laisse passer les matières en suspension, mais retient les matériaux grossiers.
Les sondeurs à ultrasons permettent de suivre le déplacement des dunes dans les fonds sableux à faibles pentes.
Hors des parcelles et des petits bassins versants dont les exutoires peuvent être équipés de pièges ou de fosses à sédiments, la mesure du transport de fond reste imprécise. Les dispositifs communément utilisés perturbent en effet de manière non négligeable le régime du transport de fond.
Divers paramètres du processus d'infiltration peuvent
être mesurés. En particulier, l'infiltration cumulative est obtenue
par la détermination de profils hydriques successifs. Une autre méthode
simple, pouvant être réalisée facilement en divers sites,
permet d'évaluer la capacité
d'infiltration. Celle-ci est basée sur l'application d'une lame
d'eau sur une partie délimitée de sol. On mesure le débit
nécessaire pour maintenir la lame d'eau à un niveau constant (méthode
à charge constante), ou alors on détermine sa vitesse d'abaissement
(méthode à charge variable). Les méthodes les plus connues
pour mesurer directement et ponctuellement l'infiltration sont les suivantes :
Fig. 7.19 - Infiltromètre de Müntz.
Fig. 7.20 - Infiltromètre à double cylindre.
Infiltromètre de Guelph : Cet appareil est constitué de deux tubes concentriques. Le tube intérieur permet l'entrée d'air et le tube extérieur sert de réservoir d'eau pour l'alimentation. L'introduction de l'eau, à charge constante (3 à 25 cm), se fait dans un cylindre métallique de petit diamètre (~ 10 cm) fiché dans le sol jusqu'à environ 1 à 5 cm. Cette méthode permet la détermination de la conductivité hydraulique et de la sorptivité à partir des mesures de flux entrant dans le sol, et en tenant compte du comportement de la zone non saturée.
Infiltromètre à aspersion utilise le principe du simulateur de pluie mis au point à l'IRD (Institut de Recherche pour le développement, ex-ORSTOM). L'arrosage d'une micro-parcelle expérimentale est assuré par un gicleur animé d'un mouvement de balancier. La micro-parcelle comporte un cadre et une gouttière collectant les eaux de ruissellement. L'infiltration est mesurée indirectement par l'évaluation de la lame d'eau ruisselée. Cet appareil permet également d'étudier la hauteur de pluie d'imbibition qui est la pluie tombant avant le déclenchement du ruissellement.
L'humidité du sol peut être déterminée de plusieurs façons soit par méthode directe, qui consiste à peser les échantillons avant et après étuvage, soit par des méthodes indirectes, qui sont établies sur des relations entre les propriétés physiques (conductivité électrique, température) ou chimiques des sols et leur teneur en eau. Afin de suivre dans le temps l'évolution de l'humidité du sol, il est nécessaire de recourir à des méthodes indirectes qui sont non destructives, telles que les mesures neutroniques, les mesures de conductivité électrique ou de la constance diélectrique dans le sol.
La mesure
neutronique de la teneur en eau du sol repose sur les propriétés
de réflexion que possèdent les molécules d'eau à
l'égard d'un flux de neutrons. Rappelons que parmi les divers éléments
que l'on trouve dans le sol, ce sont les atomes d'hydrogène qui possèdent
le noyau dont la masse est la plus proche de celle du neutron. Les deux parties
essentielles d'une sonde à neutrons, isolées l'une de l'autre,
sont l'émetteur et le détecteur de neutrons. Elles sont fixées
à un câble qui transmet les impulsions électriques émises
par le détecteur à un compteur. Le blindage (fig. 7.19) sert à
neutraliser la source radioactive lors de son transport.
Fig. 7.21 - Principe d'une mesure par sonde à neutrons
Lorsque la sonde est en place dans le sol, des neutrons rapides sont émis par la source (mélange de americium et de beryllium) dans toutes les directions. Ils se heurtent au noyau des divers atomes qui se trouvent sur leur trajectoire et voient ainsi leur énergie cinétique et leur vitesse diminuer progressivement. Si le sol présente une concentration d'atomes d'hydrogène suffisante, le ralentissement des neutrons émis par la source se produit alors qu'ils se trouvent encore à proximité de celle-ci. Les neutrons ralentis par collisions successives se propagent dans des directions aléatoires, si bien qu'il se forme un nuage neutronique dont la densité est plus ou moins constante. Une partie de ces neutrons, qui dépendent de la concentration en atomes d'hydrogènes, sont renvoyés directement en direction du détecteur en créant des impulsions. Le nombre d'impulsions pendant un intervalle de temps est enregistré par un compteur. La conversion de la valeur enregistrée par le compteur en une teneur en eau se fait par le biais d'une courbe d'étalonnage.
Cette technique a l'avantage de permettre des mesures rapides et répétées sur un site sans perturbation du sol et avec une bonne précision.
La détermination de la teneur en eau par la méthode TDR passe par la détermination de la constante diélectrique de du sol.
La définition de la constante diélectrique relative (er) d'un matériau est le rapport entre le potentiel mesuré entre deux électrodes dans le vide Vo et le potentiel mesuré entre ces deux électrodes identiquement chargées et espacées, immergées dans un matériau diélectrique V.
Fig. 7.22 – Electrodes dans le sol (méthode TDR)
A titre d'information, les composantes diélectriques des matériaux constituants les sols sont indiqués dans le tableau 7.2. La constante diélectrique de l'eau est nettement plus élevée que celle des autres constituants du sol. Par conséquent, les constantes diélectriques des sols sont étroitement dépendantes de leur humidité.
Tableau 7.2 - composantes diélectriques des matériaux constituants les sols.
Matériau |
Constante diélectrique |
Vide |
1 (par définition) |
Air |
1.00054 |
Eau à 25 °C |
78.54 |
Sol sec |
3-5 |
Sol humide |
5 - 40 |
Connaissant la valeur de la constante diélectrique relative e r, la relation suivante (Topp et al, 1980) permet de calculer la teneur en eau volumique q .
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(7.6) |
Cette méthode a l'avantage d'être non destructive, facile à mettre en œuvre et nécessite que peu d'information sur le milieu sondé. Son principal défaut est le faible volume échantillonné par les sondes.